Le renard du massif du Jura
Renard, mon beau renard, pourquoi déchaines-tu tant de passions ? Persécuté par les uns, convoité par les autres, tu ne laisses personne indifférent. Animal emblématique de la photographie animalière, ton regard roux en a envouté plus d'un.

Petit canidé de 5 à 7 Kg seulement, le renard roux se nourrit principalement de petits rongeurs dans le massif du Jura (60 à 70% de son alimentation). Ses proies de prédilection sont le campagnol terrestre et le campagnol des champs, il en consomme jusque 6000 par an !!! Ce qui fait du renard le principal allié des agriculteurs contre les pullulations de campagnols, fléau qui ravage régulièrement les prairies du haut-doubs et du haut-jura.

Sur la photo ci-dessous, on pourrait croire que la paysan a labouré son champ, et pourtant ce sont bien les campagnols qui ont ravagé la prairie pendant l'hiver, bien a l'abri sous le manteau neigeux. L'ampleur des dégâts au printemps impose de laisser les vaches a l'étable pendant 2 mois supplumentaires, avec un lourd impact financier pour l'agriculteur (estimé à 10 000 euros par exploitant - source FDSEA).


Dans le règne animal, le rut est une période crucial. Pour le renard, la période des amours a lieu au coeur de l'hiver tout au long du mois de janvier avec une reproduction le plus souvent début février. Les naissances auront lieu en avril avec les premières sorties des terriers vers le début du mois de mai pour les jeunes renardeaux. En hiver, les périodes de grand froid poussent les renards à chasser tout au long de la journée. Si leur rencontre est plus facile à cette période, le photographe animalier ne devra pas oublier que le renard à besoin de chasser pour survivre, et qu'un dérangement rend sa survie plus difficle.


Pour se reposer ou mettre bas, les renards utilisent plusieurs terriers sur leur territoire. Cependant, ils les creusent rarement, ils préfèrent squatter les nombreux terriers des blaireaux. Si le renard est opportuniste pour se nourrir, il l'est aussi pour se loger.

Renards et blaireaux peuvent cohabiter dans le même terrier, même pendant les naissances des jeunes. Les terriers de blaireaux sont très vastes et proposent de nombreuses chambres, ainsi le renard s'installe dans "la chambre d'amis".

Les renardeaux, d'un naturel curieux et peu méfiant, sont assez faciles à photographier. Mais gare à la prudence de la renarde qui déménagera sa progéture au moindre doute. C'est pourquoi, il est préférable de ne pas s'approcher trop près du terrier. Je préfère placer mon affût à bonne distance et attendre que les jeux des renardeaux les rapprochent de moi, et tant pis s'ils restent trop loin. Le nombre de renardeaux est variable selon la quantité de nourriture dont dispose la mère. Généralement, on compte de deux à six renardeaux par portée. La densité de renard est aussi un facteur limitant sur le nombre de naissance, dans un secteur avec une forte densité de renard, il n'y aura que 2 ou 3 renardeaux même les année à forte concentration rongeurs. A noter que la renarde peut recueillir des renardeaux orphelins pour les élever avec ses propres jeunes.

Pour le photographe animalier, la fenaison est toujours une période de forte activité. Le travail des engins agricoles va tuer de nombreux animaux (campagnols, faons de chevreuil, jeunes lièvres, ...), ce qui se traduit par une abondance de nourriture pour les charognards, comme le renard. Ainsi, le renard offre un service d'équarissage pour l'agriculteur. De plus, la fenaison coincide avec la période de nourrissage des renardeaux. Cette forte activité tend à réduire la méfiance de goupil, même s'il reste difficile à photographier en raison de ses sens très développés (notamment l'odorat, mais il dispose aussi d'une excellente ouie et d'une bonne vue).

Cependant, grâce à un camouflage adapté et au savoir-faire du photographe animalier, il est possible d'approcher de près maître renard, que ce sont en affût ou à l'approche.

Pour finir, Le renard est souvent stigmatisé pour son rôle dans la transmission de l'échinococcose alvéolaire à l'homme en Franche-Comté. Cependant, plusieurs études ont démontré que la chasse du renard augmente le taux de renard porteur du parasite. De plus, la transmission à l'homme est sans doute le plus souvent due à des animaux familliers non vermifugés (chiens essentiellement). Il faut bien sûr être vigilant envers cette maladie grave, mais la chasse du renard n'arrange rien, bien au contraire elle aggrave les risques. Le renard doit donc avoir un statut de protection pour réduire les risques pour l'homme. Pour le reste, il faut grillager les potagers, cuire les fruits sauvages et surtout vermifuger régulièrement vos animaux domestiques.

Malheureusement, le renard est classé parmi les ESOD (espèce susceptible d'occasionner des dégats, anciennement appelé nuisible): mais nuisible pour quoi ? nuisible pour qui ?
Les naturalistes, les scientifiques et les agriculteurs, vous le diront: le renard est un maillon indispensable de la chaîne alimentaire. Il régule les populations de micro-mammifères, il prélève les animaux malades, il nettoie les prairies des carcasses
et evite ainsi la propagation d'épidémie. Non, décidement, le renard n'est pas nuisible.
Ce statut de nuisible ne s'explique que par la puissance du lobby de la chasse ... Entre 500 000 et un million de renards sont tués chaque année en France !!!

De Nombreuses associations et collectifs prennent la défense du renard. On trouve sur leur sites un argumentaire scientifique que je vous invite à consulter. On peut citer par exemple le Collectif Renard Doubs , ou le Collectif Renard Grand Est ou encore l'ASPAS .

